(trop contente de l'avoir enfin trouvée
ici : site sympa)
Depuis ses 4 ans, la petite Ai apprend le piano, mais n’aime pas spécialement ça. Le classique ne la passionnant pas, les cours qu’elle subit chaque semaine sont plus un moment d’ennui qu’autre chose. Le déclic viendra quelques années plus tard et vers ses 15 ans elle commence à écrire et composer d’innombrables chansons.
Décidée alors à devenir chanteuse professionnelle, armée de sa volonté et de sa soixantaine de titres elle envoie donc maquette sur maquette aux majors.
Et oui, il n’y a pas que grâce aux castings bidons pour amateurs de chair fraîche qu’on peut avoir une chance de réussir, l’ancienne méthode marche aussi. Bien sûr c’est plus dur, il faut avoir un minimum de talent à la base pour avoir l’espoir de se faire remarquer. Ai avait de la matière mais a surtout eu de la chance. En effet, la légende veut qu’un producteur d’avex ait écouté sa maquette juste parce que son écriture rouge l’avait intrigué, changeant de l’uniformité à laquelle les japonais sont habitués. Et après avoir rencontré la bête, charmé, il choisit de la produire.
Une étude marketing, un mini-training de coutume et, c’est décidé, septembre sera le mois de lancement du produit Ootsuka. Lancement passé quelque peu inaperçu il faut bien l’avouer. Le très joli Momo no hanabira ne marque pas les esprit malgré sa kawaii-tude et c’est le titre suivant, Sakuranbo – titre figurant d’ailleurs toujours en bonne place dans les charts de décembre 2004 (!!) re-propulsé grâce à l’annonce du classement annuel Oricon –, qui va révéler son existence à tout l’archipel.
Malgré le peu de profondeur des paroles, son attitude à première vue puérile pour une jeune fille de 22 ans et ses bondissements incessants qui peuvent en énerver plus d’un, Ootsuka charme le public. Les MiniMoni ont bien réussi à vendre des disques en hurlant à leurs chers compatriotes que le téléphone sonne… pourquoi une fille qui chante « je suis une cerise » (atashi sakuranbo) n’aurait-elle pas sa chance ?
Sa voix n’a rien d’extraordinaire, il faut bien l’admettre, elle n’a pas recours à la technique du « je-montre-mon-postérieur-pour-vendre » bien qu’étant très mignonne (cf. Oogura Yuko, Sonim, le H!P, Kouda Kumi récemment, et bien d’autres…), et ne joue pas les gamines naises en portant des costumes qui feraient peur à Bozo le clown contrairement à notre chère Ayaya…
Mais pourquoi réussit-elle donc à vendre? Promotion incessante relevant du bourrage de crâne ? Effet nocif provoqué par l’abus de riz sous toutes ses formes ? Ou est-ce tout simplement un signe de la fin du monde ou de la déliquescence avancée de la société japonaise ?
Que nenni. Hilare voire hystérique 90% du temps, elle apporte juste le grain de folie qui manque à la J-pop. Son franc parler et sa spontanéité nous réveillant après une énième interview soporifique d’une idole décérébré sont aussi une part importante de sa réussite. Toujours pleine d’humour et relativement imprévisible, Ai est donc ce que qu’on appelle une « bonne cliente ». Un rire communicatif, une tendance à la schizophérie ou l’hytérie dans ses émissions de radio.
Les chanteuses fades au sourire forcé vous lassent ? Prenez donc un peu d’Ootsuka, l’essayer c’est l’adopter.
Son premier album, LOVE PUNCH, et son troisième single qui sortent en mars 2004 confirment la donne. Fraîcheur, humour, jolie ballades, titres explosifs… Que demander de plus ?
L’album reste d’ailleurs dans les classements 32 semaines et devant un tel succés on ne l’arrête plus. Happy Days sort alors en juillet, nous permettant d’apprécier autant son cooté hystérico-comico-bizzaroïde que celui plus romantique. Sa face B, Hoshizuku, est d’ailleurs un des meilleurs succés de karaoke de l’année tout comme son single suivant, Kingyô Hanabi, une ballade convenant parfaitement à la saison estivale et sa pléiade de matsuri (fêtes traditionnelles) et d’hanabi (feux d’artifices).
LOVE PUNCH avait déjà bénéficié du marketing avex-ien, le dotant de deux éditions différentes (un DVD bonus pour les plus riches… un simple CD pour les autres) il en est de même pour chaque single depuis Happy Days. Son 6ème single, Daisuki da yo, succède rapidement à Kingyô Hanabi, mais contrairement à ce dernier dont l’édition spéciale avait bénéficié d’un court-métrage en guise de bonus, il contient un livret.
Un nouveau pas fût donc franchi dans le domaine du merchandising à tout va avec les éditions e-hon (livret d’illustration) contenant les précieux travaux d’Ai, s’essayant dessinatrice à ses heures perdues et tentant d’illustrer ses chansons à l’aide de sa mascotte fétiche, un lapin.
Ce genre de choses sont en général assez ignobles et justifient leur existence pour vendre toujours plus de goods estampillés « votre star préféré » ; pour satisfaire les fans invétérés donc (on se souvient par exemple de l’ignoble mascotte de chat designé par Hikki qui avait eu le droit à son propre site officiel).
Malgré ce côté un peu trop commercial on se doit d’admettre qu’elle s’en sort plutôt bien avec des croquis qui sans être exceptionnels sont toujours très drôles et kawaii. De nombreux dessins originaux sont également disponibles depuis le tout début sur son site officiel, mais un de ceux qui restera dans les annales est sûrement celui diffusé dans un AX Music-TV, dans lequel son lapin lançait un « Fuck you » généralement peu de mise dans ce genre d’émissions.
Composant, écrivant à la pelle et ayant un stock relativement impressionnant de titres en réserve on ne s’étonne qu’à moitié de la sortie rapide d’un deuxième album en novembre 2004, soit seulement 8 mois après la sortie du premier. Album tout aussi hétéroclyte que le premier, même plus. Rock, dance music, ballades, titres survoltés, pop sucrée, reprise… elle ne se limite pas à un seul genre. Elle a par ailleurs déclaré à ce propos ne pas vouloir choisir un style, ni se mettre des barrières qui l’empêcheraient de faire autre chose que ce qu’elle veut. Car la miss n’aime pas recevoir d’ordres. Le public est donc prévenu, ça ne dépend pas de ses attentes juste de son humeur et de ses envies.
Ne retravaillant qu’assez rarement en profondeur ses chansons en studio pour la version définitive (tant musicalement que textuellement), elle considère que les paroles ne sont pas d’une importance capitale (« Quand j’écoute de la musique, je ne réfléchi pas spécialement »). Elle n’aborde d’ailleurs jamais de choses personnelles dans ses chansons - ce qu’on aurait pu aisément croire à la lecture du poignant Hoshizuku par exemple -, et préfére jouer avec les émotions qu’elle peut donner à son public sans y mettre d’elle même.
2004 se fini en beauté pour la petite Ai, qui en plus de remporter le prix de « meilleur nouvel artiste » de l’année aux « Best Hits Kayousai » de la NHK, participe au « Kouhaku Utagassen » qui, même avec une audience en déclin, reste une bonne geauge de popularité. Reste à savoir si elle rejoindra la liste des artistes-kleenex qu’on jette une fois usés. Mais gageons qu’elle saura nous surprendre une fois de plus et se renouveller en temps voulu.